Le Centre Calédonien de Développement et Transfert en Aquaculture Marine, est un pilote de production qui a pour objectif principal d'étudier la faisabilité technico-économique du développement de la pisciculture marine à partir d'espèces locales, et plus largement de contribuer à la diversification aquacole en Nouvelle-Calédonie.
Contexte :
Dans le Pacifique en général et en Nouvelle-Calédonie en particulier, les produits de la mer ont une place essentielle, au niveau alimentaire, culturel et social. Leur exploitation, formelle ou informelle, représente un lien essentiel des populations avec leurs zones côtières. Bien qu’étant encore abondantes car bien gérées en Nouvelle-Calédonie, les ressources sauvages ne pourront supporter d’augmentation des prélèvements et des pressions anthropiques qui suivent l’accroissement de la population. Au côté de la crevetticulture, l’élevage en cages ou en bassins d’espèces locales de poissons peut représenter une opportunité de diversification économique, de développement local et d’aménagement du territoire.
Les premières discussions sur l’opportunité de mettre en place un programme pour le développement d’une filière piscicole marine en Nouvelle Calédonie ont débutées 2001, dans le cadre d’un comité de pilotage animé par l’ADECAL (avec les 3 collectivités et l’Ifremer). Plusieurs études d’opportunité et de faisabilité conduites entre 2002 et 2008 par des cabinets internationaux ont conforté ces ambitions et impulsé la mise
en place du Centre Calédonien de Développement et Transfert en Aquaculture Marine (CCDTAM).
Une écloserie a été construite sur le site de Foué à Koné (opérationnelle en 2012) et une ferme pilote de production en cages en mer a ensuite été installée à Touho en 2014. Ce comité de pilotage a également validé, parmi une liste positive d’espèces locales candidates, les deux premières espèces sur lesquels focaliser les efforts du centre : le Pouatte et la Loche truite.
Implantations : Le CCDTAM dispose d’infrastructures aquacoles (une écloserie à Koné mise à disposition par la Province Nord et une ferme pilote à Touho) et d’équipes opérationnelles basées à Koné et Touho.
Effectif : 10 personnes
Objectifs de 2017 à 2021 et actions associées
L’objectif du CCDTAM est d’étudier la faisabilité de mise en place d’une filière piscicole marine et plus largement de contribuer à la diversification aquacole en Nouvelle-Calédonie, à partir d’espèces locales.
Pour atteindre ces objectifs, le centre travail sur plusieurs axes :
- La gestion de géniteurs et la production d’alevins en écloserie.
- La réalisation d’essais de production pilotes en cages ou en bassins.
- La conduite d’essais de commercialisation.
- L’évaluation de la rentabilité technico-économique des modes de productions envisagés sur la base des
- résultats obtenus.
- Enfin, si les étapes précédentes sont positives, l’accompagnement à la mise en place d’exploitation commerciales.
- En parallèle, un travail de screening et de veille continue et des premiers tests de préfaisabilité (constitutions de géniteurs, premiers essais de pontes et de grossissement) permet les itérations nécessaires au renouvellement des espèces candidates à la diversification aquacole, sur lesquels le centre déploie ensuite son expertise et ses moyens.
Livrables prévus : Matériel biologique, évaluation technico-économique, protocole de production (écloserie, grossissement), appui technique ; formation (lors de la mise en place des premières fermes).
Situation à fin 2018
Sur le Pouatte (Ludjanus sebae; travaux débutés en 2013) :
- La gestion d’un stock de géniteur et la production d’alevins en écloserie est faite et maitrisée, de même que la production en cages en mer à l’échelle pilote. Les protocoles et itinéraires techniques sont décrits.
- Des essais de commercialisation sont conduits en continu depuis 2017 sur le marché local. Le produit, qui présente l’avantage d’être non gratteux est désormais connu et la demande en progression (8,5 tonnes vendues en 2017, volume équivalent au 1er semestre 2018).
- Les évaluations économiques attestent de la rentabilité économique d’un modèle semi-industriel (100 t) en cage en mer pour cette espèce.
- Sur la base de ces données technico-économiques, les discussions sont en cours avec les collectivités pour lever les dernières incertitudes et définir les conditions de détection et de transfert vers des investisseurs privés. Ce type de production serait une première en Océanie.
Sur la Loche truite (Cromileptes altivelis; travaux débutés en 2013),
Les essais sur cette espèce ont été définitivement abandonnés début 2018, en raison de très mauvaises performances obtenues dans la production d’alevins, des faibles performances en grossissement observées en cages en mer, et des épisodes de mortalités observés dues au nodavirus, à laquelle cette espèce est réputée sensible.
Après concertation avec les collectivités, des premiers essais de préfaisabilité ont été engagés sur de nouvelles espèces candidates, le picot (2015 et 2016) et l’huitre de roche (2016).
- La gestion des géniteurs et les premiers essais de production d’alevins pour les picots gris (Siganus canaliculatus) et rayés (Siganus lineatus) ont donné des résultats prometteurs. Pour l’huitre (Saccostrea Cucullata echinata), la gestion des géniteurs et la production de larve est aujourd’hui maitrisée mais un blocage est rencontré à la fixation et n’est pas encore résolu.
- Pour les Picots, des essais de grossissement sont conduits en cage et aussi en bassin, avec des premiers retours également encourageants. Pour l’huitre, le blocage à la fixation empêche pour le moment disposer de juvéniles en grandes quantité sur lesquels poursuivre des essais de pré grossissement et grossissement.